En Afghanistan, des années 1950 à nos jours, mais aussi à Paris dans les
années 1970, en Californie dans les années 2000 et sur une île grecque
aujourd’hui. A Shadbagh, un minuscule village agricole, Abdullah, 10 ans,
s’occupe de sa petite sœur Pari. Entre les deux enfants, le lien est
indéfectible, ce qui leur permet d’oublier la mort de leur mère, les absences de
leur père qui cherche désespérément du travail et ces jours où la faim les
tenaille encore plus qu’à l’habitude. Un jour, leur père décide de partir pour
Kaboul où l’oncle Nabi lui aurait trouvé un emploi et d’emmener Pari avec lui.
Abdullah sent qu’il se trame quelque chose. Et de fait, leur père, préférant «
couper un doigt pour sauver la main », vend Pari à la riche famille pour
laquelle travaille Nabi. Une séparation déchirante qui pèsera sur toute la vie
d’Abdullah, même après son exil aux Etats-Unis. La petite Pari oublie et grandit
à Paris où sa mère, Nila, trop libre pour la société afghane, s’est enfuie au
milieu des années 50. Nabi est resté auprès de Suleiman, le mari de Nila, devenu
handicapé suite à un AVC. Des années plus tard, bien après la chute des
Talibans, Abdullah n’a pas oublié Pari qui, elle, n’a jamais pu combler une
sensation de vide, comme s’il lui manquait quelque chose d’indispensable, dont
elle ignorait tout…
L'histoire démarre à Shadbagh, petit village afghan, où Saboor raconte une histoire à ses enfants, Pari et Abdullah, juste avant le coucher. Le lendemain il doit partir avec Pari à Kaboul pour la vendre à une riche famille. Au fur et à mesure des chapitres, on découvre d'autres personnages et on vogue entre passé et présent, ce qui peut donner l'impression d'avoir affaire à suite de nouvelles, mais petit à petit on arrive toujours à établir un lien entre les différents personnages.
Il s'agit là d'un livre magnifique sur l'Afghanistan, mais aussi sur les travers de l'être humain, ce qui suscite énivitablement son lot d'émotions pendant la lecture.
Extrait:
"Bien des années plus tard, lorsque a débuté ma formation de chirurgien esthétique, j'ai compris une chose qui m'échappait encore au moment où j'essayais de convaincre Thalia de partir. J'ai appris que le monde ne voit pas ce qu'il y a en vous, qu'il se moque complètement des espoirs, des rêves, des chagrins qui reposent cachés sous votre peau et vos os. C'est aussi simple, aussi absurde et aussi cruel que ça. Mes patients le savaient, eux. Ils constataient qu'une grande partie de ce qu'ils étaient, de ce qu'ils seraient ou de ce qu'ils pourraient être dépendait de la symétrie de leur ossature, de l'espace entre leurs yeux, de la longueur de leur menton, du fait qu'ils aient ou non un angle naso-frontal idéal ou pas.
La beauté est un don du ciel énorme, immérité, accordé de manière aléatoire et stupide.
J'ai donc choisi ma spécialité pour redresser la balance en faveur de gens comme Thalia, pour rectifier à chaque coup de scalpel une justice arbitraire, pour opposer une petite résistance à un ordre mondial que je trouvais disgracieux, un ordre dans lequel une morsure de chien pouvait priver une petite fille de son avenir, faire d'elle une paria, un objet de mépris."
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