Quatrième de couverture:
“Je vais te faire embaucher au Betrieb. La couture, c’est mieux pour toi. Le rythme est soutenu mais tu es assise. D’accord ?
– Je ne sais pas.
– Si tu dis oui c’est notre enfant. Le tien et le mien. Et je te laisserai pas.Mila se retourne :– Pourquoi tu fais ça ? Qu’est-ce que tu veux ?– La même chose que toi. Une raison de vivre.”
En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout.
Un roman virtuose écrit dans un présent permanent, quand l’Histoire n’a pas encore eu lieu, et qui rend compte du poids de l’ignorance dans nos trajectoires individuelles.
Nous voilà plongés dans un sujet maintes fois exploité dans la littérature, à savoir la 2e guerre mondiale et la déportation. Et pourtant, non seulement j'ai été embarquée, mais j'ai été littéralement prise aux tripes par l'histoire de Mila, déportée au camp de travail de Ravensbrück.
Valentine Goby nous raconte l'histoire du point de vue d'une jeune femme, qui tente de survivre en milieu surpeuplé et qui essaie de cacher la vie qu'elle porte en elle. Car elle ignore ce qui adviendra de son bébé si les Allemands l'apprennent, s'ils savent qu'il grandit dans le creux de son ventre... il faudra donc l'occulter, le cacher et faire face aux adversités sans fléchir... poux, rats, famine, maladie, cadavres, il faut rester debout et trouver une raison de vivre pour repousser la mort qui guette. Et tout cela va être possible grâce à la solidarité féminine qui se mettra en place, au-delà des nationalités, des langues ou des races; l'espoir que la solidarité va générer va prouver que la vie peut-être plus forte que tout.
C'est un livre dur qui a suscité énormément d'émotion... c'est un livre dont on ne ressort pas indemne... De quoi faire réaliser qu'en tant que femme on a de la chance d'être nées ici et aujourd'hui...
Extrait:
Elle y est seule, libre, sans comptes à rendre, on peut bien prendre sa gamelle, voler sa robe, la battre au sang, l'épuiser au travail, on peut la tuer d'une balle dans la nuque ou l'asphyxier au gaz dans un camp annexe, cet espace lui appartient sans partage jusqu'à l'accouchement, elle les a eus les Boches; plus qu'un enfant c'est bien ça qu'elle possède: une zone inviolable, malgré eux. Et comme disait son père, qu'ils crèvent ces salauds.
Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge 1% Rentrée Littéraire 2013.
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